Dernière mise à jour / Last updated : 27 janvier 2002

Roissy-en-France (95)

INFORMATIONS GÉNÉRALES
Roissy-en-France
d'argent aux quatre fasces vivrées de gueules, à la bande d'azur semé de fleurs de lys d'or brochant sur le tout

Roissy a repris les armes de Claude de Mesmes, un des négociateurs des traités de Westphalie (1648).

Gaso, la banque du blason
Roissy-en-France est une commune située dans la partie Est du département du Val d'Oise, à 20 kilomètres au Nord-Est de Paris et comptait 2367 habitants au dernier recensement. Roissy est jumelé avec Hamm-Sieg, ville allemande, depuis 1981.

Les 1400 hectares de la surface communale totale se répartissent selon :

  • 150 hectares : commune (= 10,7 % de la surface totale du territoire)
  • 800 hectares : zone aéroportuaire
  • 70 hectares : Zone Industrielle Paris Nord II
    (La zone aéroportuaire et la zone industrielle représentent 62% de la superficie)
  • 300 hectares : terres agricoles
  • 30 hectares : infrastructures diverses

Roissy est limité au nord par les communes de Goussainville, Louvres, Epiais-lès-Louvres et Mauregard (Seine-et-Marne), à l'est par le Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), au sud par Tremblay-en-France et par Villepinte (Seine-Saint-Denis) et à l'ouest par Vaudherland et le Thillay (Val-d'Oise).

Site officiel : http://www.ville-roissy95.fr/
Page historique : http://www.ville-roissy95.fr/ville_historique.html
ROISSY-EN-FRANCE
Vu par l'Abbé Jean Lebeuf dans son "Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris", Vol. 2
AuteurLebeuf, Jean
TitreHistoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. [Vol. 2]
par l'abbé Lebeuf,... ;
[rectifications et additions, par F. Bournon]
[table analytique, par A. Augier et F. Bournon]
Titre d'ensembleHistoire de la ville et de tout le diocèse de Paris ; 2
PublicationNum. BNF de l'éd. de Paris : Féchoz, 1883-1893
Description668 p.
Autre(s) auteur(s)Bournon, Fernand. 99
Augier, Adrien. 99
DomaineHistoire de France
Cote8-Lk3-470. A
IdentifiantN075108
Consultation en ligneBibliothèque Nationale de France
Gallica.bnf.fr

   La fertilité de la partie de l’Isle de France qu’on appelle en particulier du nom de France, est peut-être la cause qu’on a imaginé qu’elle avoit été habitée par les Francs dès les temps les plus éloignés. Au moins lisons-nous dans le Commentaire que Raoul de Prêles, Conseiller de Charles V, ajouta à sa Traduction des livres de la Cité de Dieu composés par S. Augustin, entre plusieurs lieux du Parisis que les Francs et les Sicambres avec Ybon leur Duc bâtirent après Lutèce, celui de Roissy. Mais sans vouloir m’appuyer sur cet écrivain trop crédule, je puis faire remonter l’antiquité du nom de Roissy jusqu’au temps des Romains. Selon M. de Valois, ce lieu et les autres du même nom, ont eu leur dénomination du myrte sauvage qui y croissoit en abondance ; le nom de cet arbrisseau est Ruscus ou Ruscum, d’où il a été facile de former Rusciacum et par altération Rossiacum, de même que de Boscus on a fait Bosciacum, puis Boissiacum et ensuite Bussiacum. Je souscrirois volontiers à cette étymologie fournier par ce savant, s’il ne me paroissoit pas également probable que les noms de Roissy peuvent venir d’un ancien possesseur de famille romaine qui se seroit appellé Roscius, nom qui dût devenir commun dans les Gaules lorsque les Colonies Romaines s’y transplantèrent, puisqu’il étoit assez commun en Italie.

   On ne peut produire des titres qui en fassent mention au-dessus du XII siècle dans lequel on voit un Matthieu de Roissy et Richilde, sa sœur, donner de leur bien à l’Abbaye de Saint Victor, l’an 1174. Sur la fin du même siècle vivoit à Paris un célèbre prédicateur, nommé Pierre de Roissy ; mais comme il y a deux Roissy dans le Diocèse, il est difficile de décider duquel des deux il tiroit son origine.

   Le Roissy dont il s’agit ici est à cinq lieues de Paris, sur la route de Soissons, dans un vallon évasé et fort découvert, sans vignes, ni sans autres arbres ou bois qu’une longue avenue qui prend aux environs du chemin de Senlis. Tout le territoire est pays de labourage et de bonnes terres. Le dénombrement des Elections y comptoit 167 feux ; on dit qu’il y en a maintenant davantage ; le Dictionnaire universel de la France a évalué les habitans au nombre de 675. Toutes les maisons sont rassemblées sur le coteau qui est en pente douce d’orient en occident. Quelques cartes marquent à l’extrémité de Roissy un lieu qu’elles appellent Matiere, ou Marquiere ou enfin Morquiere. Il est cependant vrai que ce nom ne se trouve pas dans un titre d’environ l’an 1250 [parmi] ceux des différens cantons de Roissy qui y sont désignés : Changi, Vallis Noël, Vallis Fouberti, Magnamota, Via Gaolonoe, Challas, Lagutena, Campus petrosus. Mais dans une Sentence arbitrale de Jean de Toucy, Abbé de Ste Geneviève, l’an 1211, il est fait mention des habitans de Roissy comme voisins du champ d’Isabeau de Martru dont la dixme étoit disputée entre l’Abbaye de S. Denis et le Prieuré de Saint Martin des Champs. Cependant, comme dans un Acte de 1279, certains biens sont désignés situés au territoire de Roissy, entre Roissy, Mortières et Chanevieres, il y a plus d’apparence que Martru et Mortieres sont deux lieux différens.

   L’Eglise de ce lieu reconnoit S. Eloy pour son patron. Il n’y a de remarquable que le chœur et le sanctuaire qui sont bâtis depuis environ six vingt ans d’ordre composite, couverts d’ardoise et fermés de grille de tous côtés. La nef est fort large, mais sans aucuns embelissemens d’architecture : au frontispice de l’Eglise est une grosse tour terminée en pavillon. A l’entrée du chœur est la tombe d’un Seigneur dont l’inscription est en petit gothique ; on y lit : Cy gist noble homme Jehan en son vivant Seigneur de l’an M CCCC LXXVII. Cy gist Damoiselle Perrette de Thyois sa femme, en son vivant Dame de Nuysemont-lez-Dreux, laquelle trèspassa, etc. Comme elle est effacée en plusieurs endroits, j’y ai suppléé par le Portefeuille des tombes de M. de Gaignieres. L’homme est armé de pied en cap. Ses armoiries sont échiquier en chef.

   On les voit sur la robe de sa femme au côté droit, et au côté gauche celle de la Dame qui sont des oiseaux et des lions les uns sur les autres.

   Avant qu’on entre dans le chœur par la grande porte, on voit une autre tombe et inscription en même gothique minuscule en ces termes : Cy gist Pierres de Billy-sur-Ourc Escuiers Sire de ladicte Ville de Batily, de Mauregartn qui trespassa l’an de grace..... L’année n’est pas lisible, mais c’est sûrement entre 1400 et 1500. Les armoiries de cet Ecuyer sont trois tourteaux.

   Dans le fond d’un collatéral de cette Eglise, proche l’autel de S. Roch, se lit sur le marbre : Par arrest du grand Conseil rendu le 19 Novembre 1668 M. Henry de Melin Docteur en Théologie, pour lors Prieur, et les Marguilliers de cette Eglise ont étémaintenus en l’Administration de l’Hôpital de Roissy suivant l’intention de défunt Nicolas Marche qui fonda ledit Hôpital et l’ordonna ainsi par son Testament fait le treize Septembre 1407.

   Nous apprenons dans Sauval que c’est en vertu d’un traité qu’Odon de Sully, Evêque de Paris, fit au mois de Juin 1200 avec Jean de Toucy, Abbé de Ste Geneviève, que l’Eglise de Roissy échut à cette Abbaye. Ce Prélat la lui donna, et lui attribua en même temps les habitans de Vauderland par forme de supplément : ce qui fut changé à l’égard de Vauderland quelque temps après. Par le traité de 1202, rapporté dans l’Histoire Ecclésiastique de Paris, l’Evêque devoit tirer sur l’Eglise de Roissy quatre livres Parisis pour le droit de procuration. On lit que dans le même siècle la dixme de Roissy étoit possédée par différentes Eglises et divers Seigneurs. En 1209 Pierre de Nemours, Evêque de Paris, donna ou approuva le don de la menue dixme fait aux nouvelles Religieuses de Saint Antoine-lez-Paris. Ces Dames traitèrent ensuite avec le Prieur de Roissy pour cette dixme, à condition qu’il leur payeroit quinze sols Parisis pour chaque année. Il est marqué dans cet accord fait par le Doyen de Meaux, Délégué du Pape, que cette donation leur avoit été faite par Guillaume de Montefirmo et Agnès, sa femme. L’Abbesse de Saint Antoine en donna Acte l’an 1218. La suite fait voir que de Montefirmo veut dire de Montfermeil. En 1228, Guillaume, Evêque de Paris, certifia par une charte que Gui de Fontenelles, Chevalier, et Agnès sa femme, fille de Guillaume de Montfermeil, Chevalier, avoient quitté à l’Abbaye de Ste Geneviève le quart de la grange des Dixmes ; qu’il avoit aussi vendu à la même Abbaye le quart de la dixme de toute la vesse qui se recueilloit à Roissy et qui appartenoit par droit d’héritage à la même Agnès, moyennant trois muids d’avene que l’Abbaye leur laissoit à prendre à la mesure de Meaux dans la grange de Jossigny. Cet acte a pour approbateurs Adam de Villers, Chevalier, premier Seigneur du fief, et Gazo de Goussenville, aussi Chevalier, second Seigneur, et pour garant Guillaume de Conches, Chevalier. Dès l’année suivante qui étoit 1229, il eut une Sentence de Baudoin, Prieur de S. Martin des Champs, et de Maitre Hugues de Lusarches, Dignitaire en la Cathédrale de Meaux, au sujet de la vente de ce quart de la grosse dixme de Roissy, faite par Guillaume de Fontenelles. En 1236 Jean de Montfermeil, Ecuyer, vendit à la même Abbaye de Ste Geneviève une partie de la dixme de grain et des pailles et vesses, le tout du consentement de Drocon, Chevalier et Adam, Ecuyer, ses freres, Garin de Conches, Chevalier, mari de leur sœur Adelaïde, Gilon de Roissy, Odon de Compens, Soltan de Jaagny, Chevalier et de Sedile, Dame d’Aulnay, du fief de laquelle la grange de Roissy mouvoit en second. De laquelle vente Marie, Abesse de Footel (depuis dit Malenoue), eut cent sols de profit pour ses drioits. En 1250 Jean de Garges et Sedile, sa femme, vendirent à la même maison de Ste Geneviève une sixième partie qu’ils avoient dans la dixme de Roissy à l’exception du cinquième de cette portion qui appartenoit déjà à cette Eglise ; les garants de cette vente furent trois Chevaliers, Hugues de Brueres, Matthieu des Loges et Pierre de Garges. Ce qui montre combien la dixme de Roissy étoit alors partagée par droit d’héritage entre différens Seigneurs, est que vers l’an 1246 Jeanne, fille d’Henry de Montfermeil, donna aux Hermites sous Montfermeil la moitié d’un cinquième de toute la portion qu’elle avoit dans la dixme de Roissy jure hereditario ; en échange elle leur donna depuis des terres situées à Vaudemont. L’Eglise de Ste Geneviève augmentant son temporel à Roissy par l’achat de différentes portions des dixmes inféodées, y fit aussi acquisition de quelques terres en propre, entre autre de Gui, dit le Loup, Chevalier, la quantité de quinze arpens l’an 1249, sous la garantie de Pierre de Ceaux, de Jean Cubaut, de Cevren, Chevalier, et de Jean de Versailles, Ecuyer.

   Ce fut aussi vers le milieu du XIII siècle que les revenus de l’Eglise de Roissy furent augmentés par la fondation d’une Chapellenie que fit Matthieu de Roissy ; lequel assigna pour cela la grande et menue dixme qu’il avoit à Besons, et des vignes situées au port du même lieu de Besons qui mouvoient du fief de Roissy. Philippe et Gilles de Roissy, Chevaliers, approuverent en 1241 la fondation de leur pere, comme aussi Burchard de Montmorenc, en qualité de Seigneur suzerain de ce fief de Besons. Au reste, il ne faut point confondre cette Chapellenie avec le Prieuré de Roissy que le Pouillé Parisien du XIII siècle met au rang des Prieurés du Doyenné de Sarcelles, et qui apparemment étoit plus ancien que la Paroisse.

   Sauval qui nous a conservé le souvenir de beaucoup de particulatités qui regardent Paris et les environs, parlant des Coutumes abolies parmi les Ecclésiastiques dont il met du nombre l’usage où étoient les Curés d’avoir des plats chaque nôce, ajoute ce qui suit : « De nos jours encore les Religieux de Sainte Geneviève ont fait condamner par Arrêt les habitans de Roissy, village à deux lieues de Paris, de les payer à leur Curé, mais je n’ai pu découvrir nulle part en quoi il consistoit ni combien ils étoient appréciés. » C’est jusqu’ici Sauval qui parle, et qui se trompe en marquant Roissy à deux lieues seulement de Paris.

   La Cure et le Prieuré de Roissy ont souvent été possédés par des Chanoines Réguliers devenus célèbres. On met dans ce nombre : Guillaume le Duc, Philippe Cousin, Philippe le Bel sous le règne de François Ier. J’ai trouvé qu’en 1520 l’Evêque de Paris, voyant le Prieuré vaquer trop long-temps, le conféra à Gilles Vincent, Chanoine Régulier de l’Abbaye d’Hiverneau, et qu’en 1525 Philippe le Bel possédant la Cure, il y eut une Sentence du Prévôt de Paris qui déclara qu’elle n’étoit point sujette au déport.

   La terre de Roissy peut fournir une liste de ses Seigneurs assez complète depuis le commencement du règne de S. Louis. Je vais les nommer par ordre des temps et spécifier le contenu des titres où il en est fait mention. Depuis Matthieu de Roissy que j’ai dit ci-dessus avoir vécu en 1174, se présente Philippe de Roissy, Chevalier, et Agnès, sa femme, qui vendirent en 1224 au Chapitre de Paris des vignes qu’ils avoient à La pour le prix de 70 livres, de laquelle vente furent garants Jean du Tremblay et Soltan de Jehanny ou Jaigny. Quatre ans après, sçavoir en 1228, Gilon de Roissy, Chevalier, et Alix, son épouse, firent au même Chapitre de Paris une vente de quatre arpens de vignes dans le même lieu de Lay en la censive de Notre-Dame, dont les pleges ou garants furent Gui d’Orville et Jean de Puisieux. En 1233, Matthieu de Roissy, Chevalier, tenoit une terre à Domont en fief de Philippe de Roissy, aussi Chevalier. En 1239 Amaury de Roissy et Marie permirent aux Religieux du Val, proche l’Isle-Adam, de tenir en main-mort une vigne située à Taverny. Cet Amaury de Roissy avoit donné son nom à une rue de Paris. C’est la rue qu’on a depuis appellé la rue Ognard ou Oniart, laquelle aboutit par un bout à la rue S. Martin et par l’autre à la rue des cinq Diamants. Sauval dit qu’en 1273 on l’appelloit Vicus Almarici de Rosiaco, et en 1300 la rue Amaury de Roissy. En 1264 se trouve nommé dans les Registres du Parlement Philippe de Roissy, Chevalier. Il y eut cette année une Enquête faite de l’ordre de S. Louis par Etienne Bolleau, prévôt de Paris, et par Maitre Etienne de Douay, Prévôt de Gonesse, pour sçavoir comment Philippe de Roissy, Chevalier, et ses prédécesseurs avoient usé de la Justice du village de Roissy et pendant combien de temps. Il fut ordonné que Philippe demeureroit ensaisiné de la basse Justice, et que la haute qu’il ne reclamoit point demeureroit au Roi. Ce Philippe de Roissy est apparemment le même dont l’ancien Obituaire de Sainte Geneviève fait mention au 7 Avril en ces termes : Obiit Philippus Miles de Royssiaco qui dedit nobis in cesu suo de Royssiaco quinque solidos Parisienses quos vendidimus L solidos Paris. On ne voit pas qui pouvoit être Seigneur de Roissy au commencement du XIV siècle, sinon peut-être Charles, Comte de Valois, fils du Roi Philippe le Hardi, lequel Comte fit acquisition d’un grand nombre de terres. Ce qui me le fait conjecturer est que ce fut en ce lieu de Roissy, voisin de Paris, qu’il étoit, lorsque l’Evêque de Meaux y passant, l’an 1301, le 5 Mai, lui donna Acte de sa soumission pour l’hommage dû au sujet des biens situés à Croy que ce Prince venoit d’acheter de Guillaume des Barres, Chevalier.

   On a vu ci-dessus par l’inscription d’une tombe dans l’Eglise de Roissy, qu’il y eut un Pierre de Billy, Seigneur de cette Paroisse. Jean de Billy possedoit cette terre en 1367. Une Sentence rendue par Honoré de Franc, Prévôt de Gonesse, le 23 Août de cette année, déclare que Jean de Billy, Sieur de Roissy, a sur cette terre justice des cas et délits qui y sont commis tant en voirie comme ailleurs, jusqu’à en 60 sols d’amende et au-dessous. Le même Jean de Billy avoit épousé Jeanne de Puisieux, laquelle étant devenue veuve, rendit le 20 Mars 1405 au Roi, à cause de sa Vicomté de Paris, hommage du fief que feu son mari possedoit à Roissy. Ce de Billy est dit simplement Ecuyer, Seigneur de Mauregart et de Roissy en partie. Vers l’an 1425, un Jean Jouvenel avoit à Roissy un fief qui lui fut ôté par Henri, Roi d’Angleterre, et donné à Matthieu Helu ou Hola. Depuis les de Billy on trouve parmi ceux qui ne sont dits Seigneurs de Roissy qu’en partie, Nicolas de Longueil, marié en 1465 à Jeanne de Blaru, puis Antoine, son fils unique. Apparemment que l’autre Seigneur de Roissy dans ce temps-là étoit Jean de Ploisy qui mourut en 1477 selon l’épitaphe rapportée ci-dessus. Il jouissoit de la Seigneurie dès l’an 1457, suivant un compte d’alors.

   Mais en 1482 Raoul Jouvenel des Ursins, Chanoine de Notre-Dame de Paris, paroît avoir été le seul Seigneur de cette terre. Il avoit obtenu cette année-là au mois d’Août de Louis XI, étant à Meun-sur-Loire, la haute Justice en cette seigneurie, pouvoir d’y établir Bailly, Prévôt, Voyer, Procureur, Garde-Scel et Sergens, dresser Fourches patibulaires et Prisons, avec exemption du ressort de la Châtellenie et Prevôté de Gonesse. Le Roi ayant écrit au Parlement de vérifier ses Lettres, il y eut informations faites de commodo et incommodo, et le 19 Novembre de la même année, la Cour déclara que les Lettres Patentes seroient registrées pourvu que les habitans de Roissy ressortissent à Gonesse en cas d’Appel pardevant le Baill, ajoutant que le sieur Jouvenel n’aura ni Tabellion ni Scel à Contracts, et tiendra cette Justice du Roi en foi et hommage à cause du Châtelet de Paris. Mais quarante ans après, ces obstacles parurent levés, puisque le sieur Juvenal des Ursins fit acquisition des droits qui lui avoient été contestés. Un Extrait du Compte du Domaine de Paris de l’an 1523 imprimé dans Sauval dit que la haute justice de Roissy fut vendue le 15 Juin 1522, moyennant la somme de 240 livres, à Juvenal des Ursins, par les Commissaires ordonnés par le Roi pour la vente et aliénation de son Domaine. Aux Juvenels des Ursins succéda dans la seigneurie de Roissy la famille des Mrs de Même. Il y a Lettres de François Ier, données à Jaligny au mois d’Août 1541, par lesquels il est permis à Jean-jacques de Même, Lieutenant Civil en la Prévôté de Paris, Seigneur de Roissy, d’y faire construire un moulin à vent, auquel ses vassaux puissent et soyent contraints d’aller moudre, à la charge de payer six livres parisis de rente à la recette du Roi, et si ce moulin ne peut suffire, ceux de Roissy iront moudre aux moulins de Gonesse comme ils ont fait de tout temps. Par d’autres Lettres du même Prince datées de Saint Germain-en-Laye au mois de Novembre de 1544, il est permis au même Seigneur, qualifié Maître des Requêtes, de rétablir sur sa terre des Fourches patibulaires, d’y établir une Foire chaque année le 3 de Novembre et un marché les mardis. On le trouve encore en 1553, traitant avec les Chapelains de la Chapelle des Ramais à Saint André des Arcs au sujet d’une maison. Ce Jean-Jacques de Même mourut en 1569. Il est inhumé aux Grands Augustins. Henri de Même, son fils, fut Seigneur de Roissy après lui. Il fut Conseiller au Grand Conseil, puis Maître des Requêtes et ensuite Chancelier de Henri de Bourbon, Roi de Navarre en 1572. Il est qualifié de Seigneur de Roissy dans la coutume de Paris de l’an 1580. Il avoit épousé Jeanne Hennequin, fille d’Odard, Maître des Comptes, décédé en 1557. La terre de Roissy passa ensuite à Jean-Jacques de Même, fils d’Henri, de là à Henri de Même, puis à Jean-Jacques de Même, né en 1643, et enfin l’an 1662, Antoine de Même, Conseiller au Parlement, étoit Seigneur d’Irval et de Roissy. On lit parmi les fondations qui s’acquittent à Paris en l’Eglise de Saint Jacques de la Boucherie au 6 Novembre, celle de Perrene Barthelemy, Dame de Roissy en France, faite l’an 1606. Un Acte plus important concernant cette terre et marqué dans les Registres du Parlement au 7 Juillet 1650, porte qu’elle sera mouvante de la grosse du Louvre, et que les appellations iront en Parlement.

   Le Dictionnaire universel de la France publié en 1726 est le premier ouvrage imprimé où il ait été fait mention de Roissy. On y lit qu’il y avoit en ce lieu un château fort ancien qui appartenoit à la maison de Même, que le Comte d’Avaux devenu maître de cette terre le fit abattre en 1704, et fit commercer un fort beau château qui a été continué jusqu’à sa mort, ne restant plus alors q’un pavillon à achever. L’enclos est de plus de cent arpens ; mais il manque d’eau et l’on n’a pas encore pu réussir à y en faire venir.

   Ce château fut acheté en 1713, par la Marquise de la Carte, qui en 1719 le vendit au sieur Law. Depuis il a été possédé par M. Portail, premier Président, puis par M. Riquet de Caraman, Maréchal de Camps, qui a épousé la fille de ce dernier. Aujourd’hui il appartient à M. Rouillé de Jouy, Secrétaire d’Etat de la Marine.

   Le nom de Roissy est devenu célèbre dans l’Histoire par ceux qui l’ont porté, et qui se sont distingués dans leur état en différentes manières. Sur la fin du XII siècle fleurit Pierre de Roissy, que Rigord qualifie Prêtre du Diocèse de Paris, homme lettré et de sainte vie, que Foulques, Curé de Neuilly, s’associa pour prêcher la pénitence aux femme de mauvaise vie. Il y a à Rome, parmi les manuscrits de la Reine Christine de Suède, un volume intitulé : Manuale Magistri Petri de Roissiaco Cancelarii Carnotensis, qui est sans doute du même sçavant. Cet ouvrage dont j’ai vu un exemplaire à la Bibliothèque de Saint Victor de Paris, et un autre dans celle du Collège des Cholets, ne paroit pas avoir été imprimé : c’est une explication des cérémonies de la Messe qui commence par ces mots : Frumentum desiderat nubes, écriture du XIII siècle. Dom Rivet paroit s’être trompé dans son neuvieme tome, lorsqu’il a attribué cet ouvrage à un Pierre, Chancelier de Chartres, plus ancien de deux cens ans. Un Simon de Roceyo, qui peut se traduire de Roissy, étoit en 1286 Clerc ou Chapelain du Roi. L’ancien Nécrologe de Ste Geneviève annonce au 10 de Février l’obit de Maître Herbert de Roissy, Archidiacre de Tournay. Je n’ai pu découvrir en quel temps il a vécu. La même Abbaye a eu plusieurs Abbés natifs de Roissy, sçavoir, en 1288 Jean de Roissy qui auparavant en étoit Souprieur, et qui mourut en 1307 ; en 1517 Guillaume le Duc, qui par la suite devint Evêque, in partibus, du titre de Belline. Il mourut en 1537. L’Abbaye de Saint Victor de Paris eut aussi pour Abbé Pierre le Duc, natif de Roissy, depuis l’an 1383 jusqu’en 1400. On conserve à Saint Victor plusieurs de ses Ouvrages Théologiques et de ses sermons manuscrits. On assure pareillement qu’Antoine de Ploisy, élu Abbé de Saint Faron de Meaux en 1462, étoit né à Roissy. On a vu ci-dessus un Jean Ploisy Seigneur de Roissy, puisque la Croix du Maine l’a inséré dans sa Bibliothèque des Auteurs qui ont écrit en françois. Le Père Raymond Chaponel, Prieur de S. Eloy de Roissy, avoit écrit d’après le Père Desnoes une Histoire des Chanoines Réguliers, et son ouvrage a été imprimé en 1699 à Paris. Outre ce Prieur de Roissy, écrivain, on peut faire mention de deux autres. Sauval rapportant des Extraits de Comptes de la Prévôté de Paris, met cet article vers l’an 1415. « Les livres de Maître Jehan Jouvenel trouvés en la garde de Frère Pierre de Bar, Religieux de l’Abbaye de Sainte Geneviève au mont de Paris et Prieur de Roissy en Parisis, membre de ladite Abbaye : lesquels livres furent baillés à M. le Régent par lettres du Roi ». On voit au Cloître de la même Abbaye de Sainte Geneviève l’épitaphe d’un Prieur de Roissy du XVI siècle qui peut être placée ici pour sa singularité.

Mort très Cruelle qui ça et delà court
Et par son dard ici mit à l’envers
Le corps de feu Frère Jehan de la Court
Qui maintenant est fait pâture aux vers.
Subprieur fut de céans et Convers,
Et de Roissy Prieur sans aucun blâme.
Vous qui passez cy-devant à travers
Priez Jhesus qu’il doint pardon à l’âme.
Il trèspassa l’an mil cinq cent et dix
Priez donc Dieu qu’il lui doint Paradis.

   Je finirai l’article de Roissy en rappellant à la mémoire Aubin Ollivier, natif de ce village, qui fut un célèbre Graveur des Monnoyes en 1581, La Croix du Maine le met parmi les hommes qui ont excellé par leur industrie. Dans une ancienne feuille volante où sont imprimés les noms des fameux Artistes, il est dit né à Roissy en France ; mais il y a faute dans une lettre. Il y est qualifié Inventeur et Conducteur des engins de la Monnoie du moulin qui est en l’Isle du Palais de Paris.

   La Foire de Roissy qui avoit été obtenue, ainsi qu’on a vu ci-dessus, pour le 3 Novembre, se tient maintenant le 2 qui est le jour des Morts.


Familles d'Ile-de-France

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